L’ancien Premier ministre guinéen François Loncény Fall qui a récemment lancé les activités de sa nouvelle formation politique UNPG (Union Nationale des Patriotes de Guinée) est l’invité, jusqu’au moment où nous allions sous presse, de l’émission Mirador sur FIM FM ce lundi 14 août 2023.
A l’entame de cette interview, François Loncény Fall a été sollicité par nos confrères sur la crise nigérienne marquée par la menace d’une intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir l’ordre constitutionnel. Sur l’opportunité et la pertinence de cette éventuelle intervention militaire, Fall se dit favorable à l’option diplomatique. ”Il y a eu une alternance que tout le monde a salué, le président Issoufou (prédécesseur de Bazoum) fait partie des rares Chefs d’Etat qui a le pris Mo Ibrahim. Donc vraiment ce qui est arrivé au Niger n’est pas acceptable, on a interrompu un processus démocratique qui avançait normalement certes le pays est en proie à la guerre contre le djihadisme mais ce n’est pas le seul plutôt tous les pays du Sahel. Je pense que la CEDEAO a raison de condamner. Toutefois, la situation au Niger, elle n’est pas différente de celles en Guinée, au Mali et au Burkina mais ce que je crains, si la CEDEAO veut intervenir militairement au Niger, elle ne peut intervenir qu’au titre de la subsidiarité du chapitre 7 de la charte des Nations-Unies conditionné à l’accord de l’Union africaine sans oublier l’exercice de droits de veto qui peut intervenir au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU sauf si la CEDEAO va en guerre sans l’autorisation des Nations-Unies….” a-t-il réagi avant de soutenir tout de même que le président Bazoum soit réinstallé. ”Je suis un démocrate, je suis contre les coups d’Etat, il faut que la CEDEAO laisse la voie à la négociation mais il faut éviter que nous soyons dans une CEDEAO avec des Etats sous des régimes d’exception militaire, cela ne doit pas être la règle, je veux que le président Bazoum soit réinstallé dans ses fonctions, il a été élu démocratiquement n’y a aucune raison, il vient d’être élu contrairement à la Guinée où il y avait une question de troisième mandat, au Mali avec des élections contestées et au Burkina avec l’avancée des djihadistes”
Soutenant l’option diplomatique, l’ancien président de FUDEC parti allié au RPG arc-en-ciel ancien parti au pouvoir renversé en septembre 2021, François Loncény Fall estime que la CEDEAO peut par exemple donner un délai et amener les militaires à accepter ce délai mais pas l’option militaire qui peut avoir des dommages collatéraux si elle est activée.
Cette position de François Lonceny Fall contrarie avec celle des autorités de Conakry. Pour celles-ci, dans un communiqué, toute intervention militaire au Niger entrainerait la dislocation de la CEDEAO après qu’elles aient apporté son soutien à la junte qui a renversé le président Mohamed Bazoum.