Notre pays vient d’amorcer sa troisième transition de son histoire sous la férule du Comité National pour le Rassemblement et le Développement en abrégé CNRD. Une fois n’est pas coutume, la Guinée se retrouve encore à un moment crucial de son existence tant les attentes sont immenses. Si les actes posés jusqu’ici par le CNRD sont unanimement salués, force est de constater que les spéculations les plus sérieuses se focalisent sur une possible réforme de nos institutions et sur la qualité des hommes en mesure de les chapeauter. D’après Nelson Mandela : « On peut mesurer l’importance d’une organisation selon divers facteurs. L’un des facteurs les plus fondamentaux est la qualité de ses leaders. »
Depuis son indépendance en 1958, La Guinée a connu plusieurs présidents dotés de beaucoup de qualités. Sékou TOURE était réputé pour son charisme et son talent oratoire hors pair. Lansana CONTE était reconnu pour son leadership social et sa capacité à rassembler. On peut créditer Alpha CONDE d’avoir été si courageux et si patient avant d’accéder au pouvoir. Cependant, tous les trois nous ont gratifiés des bilans mitigés voire sujets à beaucoup de controverses. Ce regrettable constat peut amener à s’interroger sur les éléments fondamentaux d’un leadership efficace. Pour l’heure, il ne s’agit d’imputer à personne la responsabilité de ce désastre collectif. Il faut tout simplement assumer nos déboires, en tirer les leçons et s’engager pour un avenir meilleur.
En langue chinoise, le mot crise est synonyme de menaces et d’opportunités ; ce qui signifie qu’une crise, en dépit d’être une menace ou une difficulté, peut aussi être une source d’opportunités que l’on doit savoir exploiter intelligemment pour surmonter l’épreuve à laquelle on est confronté.
Il existe deux principaux critères cumulatifs et indispensables pour définir un leader :le tempérament et les compétences. A priori, le respect scrupuleux de ses deux critères dans le choix d’un leader nous débarrassera à coup sûr des pseudo-leaders ou des imposteurs comme la Guinée en a souvent eus. Il a été constamment relevé que le tempérament d’un leader exerce une influence considérable sur ses décisions. A ce propos, selon Ken Blanchard et Mark Miller, auteurs à succès en management, « le tempérament, ou son absence est la pierre où trébuchent la plupart des leaders aujourd’hui ». En d’autres termes, Les forces et les faiblesses d’un leader doivent être analysées sous la base de ces deux critères en mettant l’accent sur le tempérament qu’on peut définir comme étant « la tendance dominante de la personnalité dégagée par l’ensemble des caractères psychophysiologiques d’une personne ». A titre d’illustration, l’honnêteté d’un leader fait référence à son tempérament tandis que sa maitrise de l’outil informatique met en évidence ses compétences. Par ailleurs contrairement à une idée reçue, le niveau intellectuel et le degré de patriotisme sont certes utiles à l’exercice du leadership mais ne définissent pas un leader. Dès lors, il convient de souligner que ceux qui réussissent mieux en leadership ne cessent de parfaire leur nature et de monter en compétences.
Il existe également deux principaux profils de leader : le leader informel (encore appelé leader reconnu) et le leader de position (ou le leader institutionnel). Le premier exerce son influence indépendamment d’une structure et le second tient son autorité de la position qu’il incarne au sein d’une organisation. Sans vouloir rentrer dans un débat doctrinal, le leader reconnu est celui qui n’est plus à présenter car jouissant d’une reconnaissance due à son leadership. En revanche, le leader de position, encore appelé chef, voit son leadership limité au strict cadre de sa fonction. La Guinée est malheureusement assaillie de cette deuxième catégorie de leaders sortis parfois de nulle part pour se retrouver étrangement à des postes de responsabilité qui ne leur conviennent guère. Cette pratique ouvre la voie à toutes formes de dérives préjudiciables à l’avènement d’une Nation forte et prospère.
Il est plus urgent que jamais que les électeurs et les décideurs guinéens comprennent la nécessité d’avoir à la tête de nos institutions de grands leaders car la pauvreté, avec toutes les conséquences fâcheuses qu’elle peut entrainer, ne fait aucune distinction entre nos différentes ethnies et nos régions naturelles.
Issa KEITA, Juriste d’entreprise,
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