À la suite du changement de régime le 5 septembre par coup de force, le CNRD la junte au pouvoir a pris une série de mesures à l’encontre du gouvernement dissout et les institutions. Parmi lesquelles le gel des comptes des membres du gouvernement et des structures de l’Etat. Quelles sont les conséquences d’une telle mesure, fut-elle, conservatoire? Votre quotidien en ligne a rencontré l’économiste Mohamed Lamine Camara par ailleurs secrétaire général de l’association professionnelle des assureurs de Guinée
Accent Guinée: Bonjour, présentez vous à nos lecteurs
MOLAC: je réponds à Mohamed Lamine CAMARA alias MOLAC. Je suis Économiste. Présentement, je suis le Secrétaire Général de l’association Professionnelle des Assureurs de Guinée (APAG), PDG de l’entreprise Fouroumet Courtage et Multi-Services et Président de la Fondation Molac pour l’humanitaire. Je précise qu’ici, tout ce que je dirai ne sera pas au nom de ces structures, mais à mon propre nom et j’assume l’entièreté de mes Propos.
Accent Guinée: depuis les événements du 05 septembre 2021 en Guinée, on parle de gel des comptes bancaires des services de l’administration publique guinéenne ainsi que des grandes autorités gouvernementales du régime défunt. Aujourd’hui quelles sont les conséquences de cette mesure du CNRD sur l’économie nationale et les opérateurs économiques?
D’abord contenu du temps qui m’est accordé pour l’interview face à l’immensité des mes éléments de réponse à vos questions, j’ai décidé d’être bref. Ceci dit, qui parle de conséquences parle des conséquences positives et négatives. C’est pourquoi, je commencerai mon intervention par dégager les avantages liés au gel de comptes. Je pars d’un schéma qui permettra aux non économistes de me comprendre.
Ainsi, lorsque vous trouvez qu’une chambre approvisionnée par une cuve d’eau à réserve limitée est inondée parce que le propriétaire a laissé la pompe ouverte, votre premier réflexe c’est de fermer le robinet pour arrêter le gaspillage d’eau. Cette expérience comparée à la notre correspond à cette action de gels des comptes engagés par le CNRD, pour arrêter l’hémorragie financière que subissait l’argent du contribuable. Cependant, comme conséquences négatives, je citerai 3 parmi plusieurs.
D’abord les gels de comptes entraînent la banqueroute c’est à dire lorsque nous prenons une chaîne de détournement, les dossiers à payer commencent leurs circuits administratifs dans les services, après les divisions, ensuite les secrétariats généraux pour les bureaux des ministres et ces derniers transmettent aux DAF pour paiement (selon la plus part des manuels de procédures).
Donc s’il y’a un détournement, c’est tout une chaîne qui aurait participé. Lorsqu’on gèle les comptes des ministres et Directeurs Nationaux, c’est créer un effet d’annonce chez le reste de la chaîne qui, se dépêchera pour retirer les fonds à la banque avant qu’ils ne soient gelés eux aussi et après se préparer contre les éventualités. D’aucuns me diront qu’il s’agit d’une minorité. Mais de quelle minorité ?? Elle est sans doute une minorité riche. Faut il rappeler qu’en Guinée, 20% de la population détient la richesse du pays et 80% appartient à la couche des pauvres??
Donc, les opérateurs économiques ainsi que les particuliers avertis à leurs tours se précipiteront pour décaisser une grande quantité de leurs argents en banque pour mieux observer la situation et pour éviter de tomber dans une situation de chèques impayés pour manque de liquidités au sein des banques primaires. Et quand c’est comme ça, l’investissement national est affecté négativement car les banques n’ont plus de liquidité suffisante pour faire face aux besoins de financement ou être au service de la croissance.
Deuxièmement, Il faut citer également dans les conséquences l’augmentation du chômage. Plusieurs entreprises, entrepreneurs et opérateurs économiques avaient reçu l’ordre de financer le démarrage de certains projets de l’Etat. Ces derniers n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour répondre à de tels défis. Ils sont le plus souvent accompagnés par les banques et les assureurs qui les octroient des prêts avec des taux d’intérêts et des échanges de paiement. Il faut noter bien, que les intérêts des entreprises ne dépassent pas le plus souvent les 20% des montants des projets. En plus, elles contractent des prêts avec un taux d’intérêt de la banque de 10 à 15% selon les banques. Lorsque que le CNRD n’assure pas la continuité de l’Etat en liquidant ces instances à temps, les entreprises seront frappées par des pénalités bancaires de retard de payement qui amèneront les taux d’intérêts de leurs crédits à 25%. Taux supérieurs à leurs bénéfices. Cette situation les envoies en faillite au détriment de l’employabilité. Donc créer le chômage.
Troisièmement et pour terminer, je Rappelle que le gel des comptes entrainera la contraction des activités des services concernés par la décision, le délaissement de certains de leurs projets suite à l’assèchement de leurs trésoreries, la compression du personnel, le chômage,
Toutes ces conséquences aboutiront à la chute de la croissance et l’augmentation du stock de la dette interne et de surcroît, entraîneront une dégradation de l’image de l’État aux yeux des bailleurs de fonds pour contribuer à la chute du taux d’endettement à l’échelle internationale.
Accent Guinée: y a-t-il des solutions plausibles qui peuvent permettre de ne pas ressentir de trop ces conséquences?
Pour répondre à cette question, je vous propose la suite du schéma de la maison inondée. Dans ce cas de figure, je conseille qu’il faudrait impérativement enlever l’eau dans la maison pour encore limiter les dégâts. A la place de quelqu’un d’autre, j’utiliserai un gobelet pour puiser l’eau et le déverser dans un autre récipient qui la conservera pour moi. Lorsque le gobelet ne pourra plus me servir à cause de la petitesse de la quantité d’eau restante, j’utiliserai la technique de la serviette ramper pour terminer l’opération. Cette eau recueillie pourra être traitée et débarrassée de ses impuretés et remise dans la cuve pour utilisation. Car, il est bien précisé que la source d’approvisionnement dispose d’une quantité limitée. C’est donc cette opération économique que je Conseil au CNRD. Il faudra rapidement mettre en place le gouvernement et relancer les activités. De toute façon, qu’il est reprise ou pas, les dépenses courantes seront payées. La reprise des activités permettra donc comme la technique de la serviette, à engager et finaliser les audits dont les retombées doivent servir à financer l’économie nationale gage d’une croissance.
Entretien réalisé par Naby Laye CAMARA pour ACCENT GUINEE