Loin d’un trophée de guerre, la libération de la journaliste Aminata Conté était pour elle comme une affaire de vie ou de mort. Quelques heures seulement après cet exploit judiciaire, Aminata Pilimini Diallo, puisqu’il s’agit d’elle, décide de mettre en parenthèse son noble et énergisant combat de défense des droits de l’Homme notamment de la gent féminine. Mais pour combien de temps va durer cette pause? S’interrogent ses proches et fans en lisant le post qu’elle a fait ce matin sur son compte Meta. Lisez
Bonjour à toutes et tous,
je m’adresse bien évidemment à ces personnes concernées par mon combat, directement ou indirectement. J’écris ce texte à l’endroit des jeunes filles, des femmes et des hommes dont les violences faites aux femmes et filles touchent. Après plus de 9 ans, c’est à dire depuis mars 2015, je me suis donnée corps et âme pour la cause des femmes. Je me suis battue dès le début sans savoir ce que je faisais. Je ne connaissais même pas le mot féminisme en mars 2015, je l’ai découvert au fur et à mesure que je dénonçais ici sur Facebook. Je l’ai assumé après avoir lu plusieurs articles sur ce combat, je me suis reconnue féministe et je le serai pour toujours s’il plaît au bon Dieu qui me l’a mis dans le corps et dans l’âme.
Pendant 9 ans j’ai dédié ma vie et ma profession pour dénoncer, défendre, informer, accompagner, sensibiliser, former et me former. C’est la plus belle chose qui me soit arrivée jusqu’aujourd’hui. Une belle chose qui n’est pas facile à vivre. J’y ai rencontré des difficultés que beaucoup ici ont observé. J’ai été insultée, attaquée, menacée, méprisée, abandonnée, rejetée et tous les maux qui vont avec. Ça ne m’a pas ralenti, ça m’a plutôt donné de la force et ouvert des portes. Ce combat m’a formé, forgé, m’a donné de l’humanisme, m’a rendu authentique, sincère, honnête, juste, aimée, crédible, indulgente. Il m’a permis de voyager, rencontrer de bonnes personnes, avoir un carnet d’adresse très riche.
En 2022, j’ai senti une fatigue en moi, j’ai eu des maladies et l’hôpital était devenu ma deuxième maison. J’ai fait des traitements à n’en pas finir, c’est en fin 2023, que les médecins m’ont demandé de me reposer. Ils ont su que j’étais à bout dans mes efforts. Ma tension baissait, j’avais le palu, la fièvre, l’asthme, la gastrite, l’anémie…tout le temps un problème de santé qui au finish était lié à ma fatigue (un burn out).
Qu’est-ce qui m’a fatigué toutes ces années? C’est biensur ce combat que je mène avec toute mon énergie, sincèrement, à fond et avec toutes mes forces, le cœur comme le disent mes proches. J’écoute une victime, l’a me rend malade. Et vous savez quoi? Depuis 2015, j’écoute au moins deux victimes par jour, parfois même des hommes. Je fais une campagne numérique, je suis à fond. Je dénonce, je défends, j’accompagne sur le terrain ou en ligne, je déplore toutes mes énergies. Au bout, je suis devenue vide d’énergie, je n’ai plus aucune force. Oui, j’entends les gens dire “𝒕𝒖 𝒆𝒔 𝒇𝒐𝒓𝒕𝒆”, alors même cette force mentale que j’ai est finie. 𝑷𝒉𝒚𝒔𝒊𝒒𝒖𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 ça 𝒔𝒆 𝒗𝒐𝒊𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒋𝒆 𝒏’𝒂𝒊 𝒂𝒖𝒄𝒖𝒏𝒆 𝒇𝒐𝒓𝒄𝒆 𝒆𝒕 𝒋𝒆 𝒏’𝒆𝒏 𝒂𝒊 𝒋𝒂𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒆𝒖. 𝑻𝒐𝒖𝒕 était 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒎𝒐𝒏 𝒄œ𝒖𝒓 𝒆𝒕 𝒎𝒐𝒏 𝒎𝒐𝒓𝒂𝒍.
J’ai donc besoin de recharger mes batteries usées pendant 9 ans. Combien de temps ça me prendra ? Je n’en sais rien ! J’ai prévu de partir pour un an, peut être ça prendra plus d’un an, mais je pars pour le moment. J’attendais que Aminata Conté soit libre, pour savourer cette belle victoire contre le patriarcat et me dire le plus longtemps qu’il faudra, “Pilimini, tu as réussi ton féminisme.”
C’est quoi le sens du mot partir ici ? C’est ne plus écouter une victime, ne plus contribuer à la communication, ne pas m’exprimer, dénoncer, défendre, sensibiliser…
Pour les activités féministes ou jeunes, culturelles ou autres, si je dois être une modératrice, présentatrice, responsable communication ou attachée de presse, tout ceci si et seulement si je suis payée à la hauteur de mon boulot. Ou encore faire une master class payée, être paneliste (payée ou non ), j’accepte. Ceci pour vous dire que le féminisme et moi c’est la vie. Ici je fourni moins d’énergie mais c’est au moins payé. Mon site et mes émissions continueront, je reste la Secrétaire Générale des Amazones de la Presse Guinéenne.
𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐭, 𝐧𝐞 𝐦’𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭𝐢𝐟𝐢𝐞𝐳 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐚𝐮𝐜𝐮𝐧 problème, 𝐚𝐮𝐜𝐮𝐧 𝐒𝐎𝐒, 𝐫𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭 ça, 𝐧𝐞 𝐦’𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐞𝐳 𝐩𝐥𝐮𝐬, 𝐧𝐞 𝐦’é𝐜𝐫𝐢𝐯𝐞𝐳 𝐩𝐥𝐮𝐬, 𝐧𝐞 𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞𝐳 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐦𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐚𝐜𝐭 à 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮’𝐮𝐧 𝐪𝐮𝐢 𝐚 𝐛𝐞𝐬𝐨𝐢𝐧 𝐝’𝐚𝐢𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐚𝐭𝐭𝐞𝐢𝐧𝐝𝐫𝐞 𝐦𝐚 𝐬𝐚𝐧𝐭é 𝐉𝐮𝐬𝐪𝐮’𝐚 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐞 𝐫𝐞𝐯𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐢𝐜𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐣’𝐚𝐢 𝐫𝐞𝐩𝐫𝐢𝐬. 𝐈𝐥 𝐲 𝐚 𝐚𝐬𝐬𝐞𝐳 𝐝𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐟𝐥𝐮𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐝’𝐡𝐮𝐢, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐞 𝐩𝐮𝐢𝐬𝐬𝐞 𝐩𝐫𝐞𝐧𝐝𝐫𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐫𝐞𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭𝐞 𝐛𝐢𝐞𝐧 méritée
Je veux me reposer, je veux guérir, je veux vivre aussi longtemps en bonne santé.
Aminata Pilimini DIALLO