Quoique des Guinéens disent de mauvais sur le 28 Septembre 1958, c’est la date qui donna le coup d’envoie pour l’émancipation et l’indépendance de tous les peuples colonisés d’Afrique, du monde et singulièrement, la fin de la féodalité et de la servilité en Guinée. Le NON historique du 28 Septembre 1958 a été d’une audace et d’un courage à rechercher dans les annales de la colonisation française , il a été salutaire et salvateur, parce qu’il a évité à la Guinée une guerre sans merci.
Le référendum gaulliste pour la « Communauté franco-africaine » n’avait rien de sincère, de même que « l’Union française » proposée en Asie. Les pays aux quels la Communauté et l’Union française étaient proposées devait hypothéquer une grande partie de leur souveraineté: ils étaient libres, mais ils ne disposaient pas de leur économie, de leur diplomatie et de leur défense dont la France dictait le contenu. Sékou Touré a saisi la plus grande opportunité de l’histoire pour sortir de la domination; le faisant, il a évité à son peuple une guerre meurtrière et dévastatrice. L’Histoire reste encore vivace sur la fausse promesse de la France au Vietnam, où Hô Chi Minh a été obligé de mener une guerre victorieuse au prix élevé. Si le bilan de la guerre d’Indo-Chine est connu côté français, on parle de 80.000 morts et plus de 3000 milliards du francs français, il n’y a pas de bilan côté vietnamien, des centaines de milliers de vietnamiens s’étaient jetés dans la bataille comme chair à canon pour une victoire retentissante, mais qui ressemblait à une victoire à la Pyrrhus qui ne dit pas son nom, ‘’rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté’’ . Les Guinéens n’ont pas connus les affres d’une guerre au napalm comme les Camerounais qui demandaient leur indépendance ou comme les Algériens. Et comme personne n’échappe à son destin et au mal qui lui est destiné, les Guinéens se sont mis à s’opposer idéologiquement et cela en pleine guerre froide ou la bi-polarisation permettait tous les coups ainsi le tissu social s’est déchiré sans fin. Mais il serait faux de dire témérairement que Sékou Touré en avait après l’ethnie Peuls gratuitement.
En prenant cette histoire guinéenne par son commencement, le premier complot de l’inspecteur de police Ibrahima Diallo en 1959 a été certifié par le jeune frère de ce dernier, le doyen Pathé Diallo, grand reporteur sportif de son temps. La suite des complots réels ou supposés impliquait avant tout les Malinkés puisque, soit par mérite, soit par népotisme, l’ethnie de Sékou Touré occupait le haut du pavé dans son administration pour aller droit à la captivé. Cela a continué jusqu’à l’agression sur la personne physique de Sékou Touré en 1968 lors de la réception du président Kenneth Kaunda par Tidiane Keita. Suivra ensuite le complot des parachutistes de Labé, Namory Camara, Kouyaté Sangban et de Camara Aboubacar M’Bingue, qui ont largué l’inspecteur de police Boiro Mamadou en plein vol, ce qui aboutira à la découverte du complot Kaman-Fodéba. Jusqu’a ce moment on ne parle pas trop de l’implication des Peuls. Ceux-ci ne sont entrés en scène véritablement qu’avec l’agression du 22 Novembre 1970. Il est intéressant de faire un arrêt sur image. C’est ici que toute la seconde partie de l’histoire de la Guinée commence, car c’est l’entrer en lice de Siradjo Diallo, de Bâ Mamadou, de Jean Marie Doré et de…notre ami D’Artagnan. Comme la plus part des Cadres Malinkés ont été mis aux arrêts, ceux qui occupaient les plus hautes fonctions après l’agression, se sont les Peuls. À leur tour ils sont allés aussi à la captivité. On a parlé des conditions de détentions inhumaines au camp Boiro particulièrement de celle de Diallo Telly, mais tous ont subi la même rigueur, à moins d’attribuer la cruauté de la détention subie par une ethnie pour une raison inavouée et cela ne facilite pas la réconciliation nationale…
Lansana Conté, à peine au pouvoir avec le CMRN « comité militaire de redressement national », fut convoqué à Abidjan chez Félix Houphouet-Boigny. C’est à Abidjan que les cartes ont été rebattues. Les grands manitous de la CEDEAO convoquèrent un sommet extra-ordinaire de cette organisation à Lomé. À Conakry, certains avaient trouvé que le sommet extra-ordinaire de la CEDEAO était louche, l’on conseilla au colonel Lansana Conté de s’abstenir de s’y rendre. Têtu comme une mule, mais pas bête comme un âne, Lansana Conté s’y rendit, non sans avoir préparé ses arrières d’autant que le colonel Diarra Traoré cachait mal son intention de prendre le pouvoir.
Arrivé au sommet de la CEDEAO de Lomé, la délégation guinéenne fut conduite dans une villa qui devait leur servir d’abri pour un exil à durée indéterminée.
Pendant que les partisans de Diarra Traoré fêtaient sa prise de pouvoir, la résistance s’organisa au niveau des populations, ce qui décida les militaires loyaliste d’organiser le contre coup d’État. Lansana Conté de retour de Lomé à la tomber de la nuit, organisa un meeting d’information sur l’esplanade du palais du peuple à Conakry. Il s’adressa à ses partisans qui réclamaient le courant en ces termes: « le courant, il faut payer les factures, ce n’est pas de l’urine qu’on met dans les groupes électrogènes ». Pour un désenchantement Lansana Conté n’y était pas allé du dos de la cuillère et plus loin « avant-hier quand l’autre a déclaré qu’il a pris le pouvoir et que je suis en exil, on dirait que c’est lui qui m’a envoyé, ces partisans ont chanté et ont dansé; vous aussi vous avez dansé sur leurs maisons wofatara ». Lansana Conté a élargi la déchirure sociale. Il oeuvrera par la suite à recoller le pot cassé. Son parti politique s’appellera PUP (parti pour l’unité et le progrès). Dans le même meeting il déclara à l’intention de la communauté internationale:« tous ceux qui veulent intervenir pour les mutins, c’est le moment, demain matin il sera trop tard. Il était 19-20h à Conakry, c’est dire que le temps n’était pas galant homme…
L’exécution de la bande à Diarra coupa la Guinée de la CEDEAO, dont Félix Houphouet-Boigny et Gnassingbé Eyadema étaient les barons, elle coupa encore la Guinée en deux puisque l’ethnie Malinké se voyait diabolisée par les Soussous. Pour ne pas voir trop de divisions en Guinée, un rapprochement de raison eut lieu avec les Peuls, qui voient le commerce leur échoir dans les mains.
Lansana Conté, politiquement, se coupa de la CEDEAO un syndicat de chefs d’État composé désormais de Félix Houphouet-Boigny, de Gnassingbé Eyadema et de Blaise Compaoré. On ne sait pas si Alpha Oumar Konaré, Abdou Diouf et Olusegun Obasanjo faisaient partie de ce syndicat, puis que se sont eux que la CEDEAO dépêchait à Conakry pour plaider l’élargissement de Alpha Condé prisonnier pour atteinte à la sécurité de l’État.
À la mort de Lansana Conté la Guinée était un narco-État en déconfiture. Le changement était urgent et indispensable.
Et vint l’épisode du CNDD. La CEDEAO et les organisations internationales se mirent à la condamner, mais sans l’irruption des militaires, une guerre de succession se profilait à l’horizon, heureusement. Mais, au lieu de faire comme promis de ne pas s’éterniser au pouvoir, Dadis en pris l’appétit, des journalistes furent envoyés en prison au camp Alpha Yaya. Les forces vives et les partis politiques se soulevèrent pour organiser un meeting de protestation pour demander le départ de Dadis le 28 Septembre 2009 au stade du 28 Septembre. Entêtement pour entêtement, ce qui devait arriver arriva, 156 personnes furent tuées de différentes façons indescriptibles d’horreur et de cruauté. Cette fois, on peut dire sans risque de se tromper que les Peuls étaient les plus nombreux. La majeure partie des manifestants de ce 28 Septembre étaient les jeunes de l’Axe Hamdallaye Bambéto. Si ils ont raison de pleurer plus fort pour l’après agression de 1970 et pour le 28 Septembre 2009, ils n’étaient pas les plus nombreux à tomber devant le pont « 8 Novembre et de 1960-1970».
Voilà brièvement les situations sociales qui ont endeuillé la Guinée pendant ces 63 années d’indépendance. Le 28 Septembre 1958 est un jour glorieux, le 28 Septembre 2009 est un jour ignominieux. On peut célébrer le 1er et commémorer le second.
Comment trouver le chemin de la paix? la question reste poser, le CNRD a du pain sur la planche.
Moise Sidibé