Le 7 octobre, le Colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition nommait Mohamed Beavogui comme Premier ministre, chef du gouvernement, après plus d’un mois de la prise de pouvoir par le CNRD le 5 septembre 2021. Dans la forme, ces nominations plus où moins acceptables dans le fond comportent des erreurs et faiblesses administratives
Une attente relativement longue que les guinéens ont finalement compris du fait de la nécessaire observation et d’enquête de moralité sur les nominés postulants.
Mohamed Beavogui connu par les guinéens pour avoir été parmi les candidats choisis par les syndicats et la société civile au poste de Premier ministre en 2007, après les douloureux événements de janvier et février de la même année, est un cadre “aux mains propres ” pour reprendre une formule chére à feu Issiaga Mara, un des premiers leaders fondateurs de partis politiques et grands animateurs du débat politique dans les années 1990 en Guinée.
Le choix de l’ancien fonctionnaire international a été plutôt bien accueilli par l’opinion qui se félicitait de la compétence et de l’intégrité du nouveau locataire du Palais de la Colombe au quartier Boulbinet à Kaloum.
L’on a également espéré qu’il allait avoir les coudées franches, être libre pour chercher, trouver et proposer les noms des cadres compétents, intègres…loin de tout soupçon au président de la transition Mamadi Doumbouya pour former le premier gouvernement de la Transition.
Dans cette logique, ce n’est pas sans étonnement que les Guinéens ont écouté, jeudi 21 octobre, soit 2 semaines après sa nomination, sur les antennes de la RTG, 4 décrets différents signés du président de la transition et sur proposition probablement du Premier ministre nommant les quatre (4) ministres délégués d’un même gouvernement.
Deux généraux à la retraite, à savoir Aboubacar Sidiki Camara dit Idi Amin et Bachir Diallo, Abdourahamane Sikhé Camara et une dame Lopou Haba ont été respectivement nommés ministres délégués à la Défense, à la sécurité, secrétaire général du gouvernement avec rang de ministre et ministre délégué à l’environnement et au développement durable. .
Si un certain équilibre régional a été observé dans ces nominations pour tenir compte des Guinéens sensibles à ces questions, il faut noter néanmoins que prendre 4 décrets pour nommer le même jour 4 ministres d’un même gouvernement suscite beaucoup de critiques et même des appréhensions sur la méthode et les compétences administratives des nouveaux dirigeants.
À ce rythme, et ce sera une grande première dans le monde, chaque ministre aura son décret. Jamais vu dans l’histoire du monde.
L’idéal aurait été de prendre le temps qu’il faut, pour choisir les Femmes et Hommes qui ont la confiance du Président de la République et du Premier ministre et former d’un trait le premier Gouvernement de la Transition.
Cette formation devrait être précédée de déclarations solennelles du Président de la République et du Premier ministre pour indiquer la rupture, la nouvelle donne et fixer le cap aux ministres choisis et désignés.
Les changements et l’avènement de nouveaux pouvoirs s’inaugurent toujours avec solennité, pas avec des petites touches comme si on était dans la continuité du même régime ou du même système.
Il serait important que les nominations de même nature effectuées le même jour soient sur le même acte.
En effet, si 3, 4 ou 5 sont promus ministres aujourd’hui qu’ils soient tous sur le même décret. Et puis, nommer un, 2 ou 3 ministres aujourd’hui, après nommer 2 ou 3 directeurs nationaux le lendemain, et nommer 5 ministres le surlendemain fait trop de désordre et est de nature à ternir l’image des nouvelles autorités qui passeraient pour des amateurs, des néophytes aux yeux de l’opinion nationale et internationale.
Dorénavant, le Président Mamadi Doumbouya et le Premier Ministre, Mohamed Béavogui ont tout à gagner en faisant preuve de méthodologie et de cohérence dans les nominations qui devraient être structurées dignes de dirigeants maîtrisant leur sujet et sachant où ils veulent aller.
Et pourtant, le Colonel Doumbouya avait bien été méthodique avec l’armée où il a d’abord mis à la retraite les Généraux avant de constituer l’état major général et les différents états majors particuliers. Il devrait continuer avec la même méthodologie. En décidant de former enfin le Gouvernement, qu’il nomme d’abord les ministres, de commun accord avec son premier ministre, ensuite les cabinets ministériels avec les secrétaires généraux et chefs de cabinets, conseillers, directeurs nationaux, directeurs généraux ainsi de suite.
C’est ainsi que ça se fait partout dans le monde. En Guinée également, le 03 avril 1984, Le président Lansana Conté a d’abord nommé son Gouvernement avant de réorganiser l’administration dans l’esprit du Redressement que prônait son Comité Militaire d’alors. Mêmes le Capitaine Moussa Dadis Camara, en 2009, et le Général Sekouba Konaté, en 2010, ont été ordonnés et structurés en la matière.
En ce qui concerne le contenu de ces premierss décrets, Il faut reconnaître cependant que la rumeur faisant état d’une participation active de “Idi Amin” au pusch du 5 septembre depuis la Havane (Cuba) était bien réelle et le poste de ministre de la Défense qui lui revient ne suprend guère.
Bien qu’il soit mis à la retraite, Aboubacar Sidiki Camara devient un homme puissant de la transition, pour ne pas dire le numéro 2 de la junte. Il a même réussi à placer un ami à lui au ministère de la sécurité en la personne de Bachir Diallo.
L’ex directeur de cabinet du général d’armée Sekouba Konaté, Bachir Diallo fut très proche de Idi Amin qu’il a protégé durant le règne de Alpha Condé. L’homme est connu surtout pour son intégrité mais également pour son backgroud.
Abdouramane Sikhé Camara esf un juriste de formation très peu connu des guinéens. Il avait un cabinet qui fonctionnait tant bien que mal. Mme Lopou Lamah nommée au ministère de la environnement et du développement durable n’est pas très connue du public.
L’on ose croire que les prochains décrets seront méthodiques et bien structurés pour éviter des critiques des uns et autres à l’encontre du Colonel réformateur Mamadi Doumbouya et de son Premier ministre Mohamed Beavogui
Ibrahima Sory Diallo “D-beck”